Un texte composé par Hubert Batteux, enseignant à la retraite, et qui nous inspire à la veille de cette rentrée.

 

Les empreintes!

Le temps des vacances s’ouvre aux fleurs, celles de l’aubépine, celles des prairies qui nourrissent le foin, celles des enfants qui font à l’instant un bouquet pour maman avec des tiges un peu courtes pour le bonheur du vase. Le temps des vacances se tord dans les urgences à terminer l’année scolaire et la jeunesse courbe l’échine sur les pages subitement si proches, si lourdes…

 

Juin c’est le mois des bilans, des examens, des tracteurs qui redessinent les champs, des promenades aux poussettes souriantes, des bancs publics où reviennent, aux belles soirées, les conversations adolescentes jusqu’à la montée de lune, et le troisième âge aux heures de douceurs et d’ombres légères.

Voici le temps des vacances : envie de quitter la routine, les mauvaises nouvelles, les soucis qui se glissent muets dans les valises, les peurs d’avenir et les regrets d’autrefois, les silences graves à l’info d’une nouvelle horreur « arrivée près de chez nous », les solitudes qui s’avancent, les solidarités qui s’affadissent, envie de quitter l’incertitude…

En mai les infos donnaient à la Belgique une place de choix dans la hiérarchie du bien-être : un des pays les plus performants selon l'Indice du "Vivre mieux" (les habitants seraient plus satisfaits de leur vie que la plupart des citoyens de l'OCDE), mais cette révélation souriante fait pale figure dans la rame qui s’allonge wagon après wagon derrière la locomotive qui crache cendre!

Ainsi, notre pays est-il en zone rouge des « trop » consommateurs d’énergie !

L’empreinte écologique a pris une place importante dans les soucis de notre temps, comme une déclinaison originale de ces crises successives depuis les années 70 (premier choc pétrolier : 1973), l’empreinte économique s’est écrite en lettres noires en 2008, l’empreinte de la récession et les pressions sur l’euro s’incrustent dans l’œuvre communautaire...

Mais n’y a-t-il pas aussi des empreintes de bonheur que soulèvent les valeurs passées entre générations, empreintes de dialogues entre culture et philosophie, empreintes de spiritualité où le sens de la terre appelle à l’habiter autrement, ou le sens du vivre ensemble trouve chez bon nombre de gens, écho favorable et élan novateur pour domestiquer autrement les énergies et les dépenser avec plus de respect et de fertilité.

Autrefois, dans la foulée de mai 68, des prophètes ont quitté leurs diplômes et leurs cités pour défendre et habiter les plateaux du Larzac, aujourd’hui les terres à recréer sont nos villes et nos villages où une autre manière de vivre suinte ça et là…

L’odeur délicieuse d’une fenaison qui remue et transporte le temps ouvre profondément nos poumons de plaisir. Notre décor de vie est en mutation, mobilisant ses ressources pour vaincre les agressions polluantes. Quant aux jeunes générations qui veulent l’habiter autrement, elles comptent sur nous tous, pour un nouvel art de moissonner et d’inscrire d’heureuses empreintes dans le présent.  (H.B.)